jeudi 18 novembre 2010

Le FBI veut un accès aux données privées sur Facebook

Société 2.0 -

Mardi, le directeur du FBI s'est rendu dans la Silicon Valley pour rencontrer plusieurs responsables de services en ligne. Parmi ces derniers, le patron de la police fédérale américaine a rencontré des représentants de Google et de Facebook. Il a défendu devant eux le principe d'une extension de la surveillance en ligne.

Le FBI aura-t-il bientôt un accès privilégié aux informations personnelles hébergées par certains services en ligne ? C'est en tout cas ce que souhaite son directeur, Robert Mueller. En poste depuis 2001, celui-ci s'est rendu mardi dans la Silicon Valley, en Californie, pour rencontrer plusieurs hauts responsables de ces services Internet, a révélé hier le New York Times.

Le chef de la police fédérale américaine a notamment rencontré des représentants de Google et de Facebook, dont les services en ligne sont particulièrement populaires auprès de nombreux internautes. Accompagné de l'avocate générale du FBI, Valerie Caproni, Robert Mueller a défendu le principe d'une surveillance accrue des activités en ligne, à travers l'extension de la loi américaine Communications Assistance for Law Enforcement.

Ce texte, passé en 1994 sous la présidence de Bill Clinton, est le cadre légal des écoutes aux États-Unis. Elle permet au FBI de procéder à des interceptions sur des lignes téléphoniques et au niveau des routeurs des fournisseurs d'accès à Internet. Or, celle-ci souffre d'une certaine obsolescence face à certains nouveaux moyens de communication.

Le déplacement de Robert Mueller dans la Silicon Valley montre que le FBI veut obtenir la coopération des services en ligne, dans la mesure où Internet devient le principal moyen de communication des individus. Pour faciliter le travail d'investigation et de surveillance de l'agence, Robert Mueller est partisan d'une révision de la loi de 1994, afin d'imposer une nouvelle réglementation aux services Internet.

Ni Google ni Facebook n'ont commenté la visite du directeur du FBI. Tout juste le porte-parole du réseau social a confirmé qu'il s'était bien rendu au siège de l'entreprise, a indiqué le New York Times. Signe que le FBI prend ce dossier très à cœur, la presse américaine avait estimé que l'agence avait déboursé 9,75 millions de dollars pour inciter les éditeurs de services en ligne à développer des solutions d'écoute des communications.

En septembre, les autorités américaines ont demandé au Congrès de soutenir un projet de loi qui obligerait tout les éditeurs à l'origine d'un service de communication de garantir la possibilité d'une interception électronique. Dans le cas d'une solution chiffrée, comme avec les appareils BlackBerry, les sociétés auraient l'obligation de concevoir une méthode de déchiffrement destinée aux autorités, dans le cadre d'une instruction judiciaire.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com

La Grande-Bretagne ne défendra pas la neutralité du net

Télécoms -

Le gouvernement britannique souhaite autoriser les FAI à donner la priorité aux services d'éditeurs partenaires ou à certains types de contenus, en exigeant simplement un effort de transparence vis à vis des consommateurs.

Selon le Financial Times, le ministre britannique des Communications Ed Vaizey devrait affirmer ce mercredi à l'occasion d'une conférence sur les télécommunications que les fournisseurs d'accès à Internet doivent avoir le droit de favoriser le contenu d'un éditeur par rapport à un autre, tant que leurs clients en sont informés de manière transparente. "Créer les contenus et les réseaux du futur demande des investissements", devrait ainsi déclarer le ministre. "Cela veut dire que les FAI devraient pouvoir gérer leurs réseaux pour assurer une bonne qualité de service. Le point clé c'est que le consommateur doit en être informé et être conscient de ce qu'ils achètent et des limitations qui y sont attachées".

Cette position n'est pas très surprenante, si on en juge par la réponse adressée par la Grande-Bretagne (.pdf) à la consultation publique lancée en juin dernier par la Commission européenne sur la neutralité du net. Alors que la réponse de la France (.pdf) est relativement précise, et détaillée en 18 pages, la réponse britannique tient en deux petites pages qui commencent par indiquer qu'à sa connaissance il n'y a pas encore de problèmes avec la neutralité et l'ouverture du net. Elle donne l'impression de ne pas vouloir aborder frontalement le sujet.

"La Grande-Bretagne estime que l'approche actuelle par la libre concurrence de la fourniture d'accès (à Internet) a bien fonctionné par le passé, et que nous ne devrions donc tenter d'y apporter le moindre changement qu'avec prudence", écrit le gouvernement d'outre-Manche. Il plaide pour que les conditions d'atteintes à la neutralité du net soient fixées par les autorités administratives compétentes, après consultation des industriels, et non par la loi.

La réponse britannique insiste en revanche sur la nécessité de transparence vis à vis du consommateur, ce qui fait consensus auprès de tous les états. Mais pour reprendre l'image chère à Benjamin Bayart, le président de French Data Network (FDN), ça n'est pas parce que l'on peut afficher sur l'étiquette d'un yahourt qu'il contient du mercure qu'il faut autoriser la vente de ce yahourt dangereux pour la santé. Il devrait en être de même pour les mesures dangereuses pour la liberté d'expression et la liberté d'entreprendre.

Jérémie Zimmermann, le porte-parole de la Quadrature du Net, l'expliquait devant la Commission européenne le 11 novembre dernier : "la capacité à publier (dans des conditions égales) a été offerte à chacun avec Internet. Et c'est là la principale amélioration sur les technologies précédentes. Et c'est cela qui est en jeu aujourd'hui".

Il rappelait ce passage clé de la décision du Conseil constitutionnel contre l'Hadopi : "La liberté de communication et d'expression, énoncée à l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, (...) implique aujourd'hui, eu égard au développement généralisé d'internet et à son importance pour la participation à la vie démocratique et à l'expression des idées et des opinions, la liberté d'accéder à ces services de communication au public en ligne". Il ne s'agit pas simplement de protéger la liberté d'accéder à des contenus, mais bien aussi la liberté d'en émettre, dans des conditions qui ne soient pas discriminatoires.


Jérémie Zimmermann's intervention at the EU Commission Summi
envoyé par QuadratureDuNet. - L'actualité du moment en vidéo.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com

Hachette signe un accord avec Google sur la numérisation

Société 2.0 -

Alors que plusieurs éditeurs français se méfient de Google, Hachette a décidé de signer un accord sur la numérisation d'ouvrages épuisés. L'accord portera sur près de 50 000 ouvrages. Néanmoins, le groupe continue de soutenir solidairement l'action en justice menée par le Syndicat National de l'Édition contre Google.

L'édition française ne présentera donc pas un front commun et uni face à Google. Alors que plusieurs éditeurs ont décidé d'attaquer en justice le géant du web, Hachette a annoncé a signature d'un accord sur la numérisation avec la firme américaine. Ce partenariat portera sur des livres épuisés issus du catalogue du groupe Hachette. Le Figaro, qui rapporte l'information, indique que cela concernera entre 40 000 et 50 000 ouvrages.

"Nous avons décidé de distinguer le passé de l'avenir. Les agissements passés de Google ont déclenché une plainte et le procès ira jusqu'au bout. Mais nous avons décidé d'aller de l'avant et de passer un accord pour trouver enfin un accord légal à la numérisation des livres épuisés par Google" a expliqué Arnaud Nourry, le directeur général de Hachette Livre.

En décembre 2009, l'éditeur La Martinière et le Syndicat National de l'Édition, dont Hachette est membre, ont obtenu une victoire judiciairedevant le tribunal de grande instance de Paris. Le géant américain, qui a fait appel, a été condamné à verser 300 000 euros de dommages et intérêts et devra s'acquitter d'une astreinte de 10 000 euros par jour tant que les documents concernés figureront sur Google Livres.

Fin mars, plusieurs éditeurs français (Albin Michel, Flammarion, Eyrolles et Gallimard) ont entamé des actions en justice contre Google. Ils reprochent à la firme américaine de violer leur propriété intellectuelle en numérisant les ouvrages français disponibles dans les bibliothèques américaines, pour ensuite en diffuser des extraits sur la bibliothèque numérique de Google.

La défiance des éditeurs français intervient à l'heure où le livre numérique se développe rapidement, notamment outre-Atlantique. L'an dernier, Amazon avait annoncé que les ventes d'ouvrages numérisés avaient été supérieures à celles des livres physiques pendant la période de Noël. Une étude de Forrester publiée au début du mois a enfoncé le clou, en affirmant que ce marché pèse désormais près d'un milliard de dollars.

"Non seulement les éditeurs doivent considérer le numérique sérieusement, mais en plus ils doivent en faire le nouveau mode de diffusion par défaut pour l'édition, afin de se préparer au jour où la publication de livres physiques sera une activité secondaire qui soutiendra l'économie de l'édition numérique. Et cet énorme retournement se produira plus rapidement dans l'édition que dans les autres secteurs de médias" avait prévenu un analyste de Forrester.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com

Sarkozy pris de remords sur la loi Hadopi ?

Le Président de la République a-t-il pris conscience qu'il allait dans le mur avec la riposte graduée, ou entre-t-il simplement en campagne électorale avec l'espoir de retrouver les voix qu'il a perdues auprès des internautes ? Le député Lionel Tardy, membre de l'UMP mais opposant résolu à la loi Hadopi, a indiqué au Nouvel Observateur que Nicolas Sarkozy s'était spontanément exprimé sur le sujet lors d'une réunion avec les députés de la majorité, ce mercredi.

"Dans une sorte de mea culpa, il a dit que faire adopter la loi était nécessaire, mais qu'il faut maintenant revoir un certain nombre de choses", rapporte Lionel Tardy, qui ajoute que le Président "semble avoir changé de position et vouloir passer à autre chose que le simplement répressif".

Qu'il nous soit permis d'être sceptiques. Le chef de l'Etat, candidat non déclaré à sa réélection en 2012, suit simplement une stratégie établie de longue date. D'abord montrer le bâton pour rassembler dans son camp les partisans du tout-sécuritaire, puis tendre la carotte pour élargir ses soutiens en misant sur la capacité des électeurs à rapidement oublier.

Nicolas Sarkozy, qui avait intimé récemment à Koucher de promouvoir la riposte graduée dans une conférence sur la liberté d'expression (sic), accompagne le mouvement initié par la publication du décret sur lalabellisation de l'offre l'égale et la régulation des DRM, et suivi par ses fidèles lieutenants. La députée Muriel Marland-Militello, rapporteur de la loi Hadopi au sein de la Commission des affaires culturelles, a elle-même demandé cette semaine que le volet pénal de la riposte graduée soit suspendu. Mais pour de mauvaises raisons. Elle demande que soient d'abord labellisées les offres légales, alors que c'est la labellisation des moyens de sécurisation qui est indispensable.

Dans sa dernière conférence de presse, l'Hadopi avait elle-même refusé toute question sur la réponse graduée, n'acceptant que d'évoquer les volets "développement de l'offre légale" et sécurisation de l'accès à Internet.

En portant un discours plus positif à l'égard des internautes, le futur candidat espère faire oublier la manière dont la riposte graduée a été défendue par le gouvernement, la manière dont les élus UMP l'ont voté fièrement même lorsqu'ils étaient contre, le dédain exprimé à l'encontre du Parlement Européen et de la société civile (à de nombreuses reprises), l'obstination à ne pas vouloir entendre les argumentations contre Hadopi, et à censurer ses propres troupes de jeunes.

Mais il ne faudra pas oublier, car sur le fond le Président n'a pas changé d'un iota. Il faudra plus que d'artificiels labels et autres Carte Musique Jeune pour faire croire au contraire.

A titre d'exemple, plutôt que de s'interroger sur les raisons profondes pour lesquelles la quasi totalité des entreprises à succès sur le net sont américaines et non européennes, Nicolas Sarkozy invoque à son tourl'idée de taxer Google. "Il a dit qu'il faut revoir pas mal de choses dans l'économie numérique. Il a expliqué que ce n'est pas normal que des géants comme Google fasse des millions d'euros de bénéfice en France sans en payer les impôts", rapporte ainsi M. Tardy.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com

Harry Potter et les Reliques de la Mort fuite sur BitTorrent, en partie

Peer-to-Peer -

Programmé pour sortir la semaine prochaine en France, Harry Potter et les Reliques de la Mort s'est retrouvé partiellement sur BitTorrent. En effet, les 36 premières minutes du film peuvent être récupérées dans un fichier torrent déjà listé par de nombreux sites spécialisés. Une fuite qui étonne, tant par la date de la fuite que par sa qualité.

C'est une nouvelle qui ne tombe décidément au plus mauvais moment pour Warner Bros. Alors que le premier volet de Harry Potter et les Reliques de la Mort doit sortir au cinéma dans les prochains jours (le 24 novembre en France), une partie conséquente du film s'est retrouvée sur Internet. Depuis hier, de nombreux sites spécialisés dans les liens Torrent recensent déjà le fichier.

Néanmoins, il ne s'agit pas du film dans son intégralité. En effet, seules les 36 premières minutes du film se sont retrouvées en ligne, alors que le film dure 2 heures 25 minutes. D'après Wired, qui rapporte l'information, un marquage numérique est visible à l'image, laissant supposer que la fuite provient d'un DVD produit par le studio américain.

"La nuit dernière, une partie d'Harry Potter et les Reliques de la Mort : partie 1 a été volée et publiée illégalement sur Internet" a déclaré Warner Bros dans un communiqué. "Cela constitue une violation grave de la propriété intellectuelle de Warner Bros. Nous travaillons activement pour restreindre et / ou retirer les copies qui pourraient être disponibles. En outre, nous enquêtons vigoureusement sur cette affaire et nous poursuivrons les personnes impliquées" a prévenu le studio.

Ce n'est pas la première fois qu'une œuvre liée à la saga de Harry Potterse retrouve en ligne illégalement. Depuis la sortie du premier film en 2001, les aventures du jeune sorcier sont régulièrement en tête des films les plus demandés sur les réseaux peer-to-peer. En 2002, le film s'est retrouvé dans le Top 5 des fichiers les plus recherchés, selon un classement organisé par la presse britannique.

La publication des 36 premières minutes du film laisse songeur. S'il s'agit effectivement d'un DVD interne produit par Warner Bros, pourquoi la source n'a-t-elle pas publié le film dans son intégralité ? Les individus qui décident de mettre un film illégalement en avant première n'ont aucun intérêt à dévoiler une fraction du film. Dès lors, c'est à se demander si la fuite n'a pas été organisée pour susciter un bruit médiatique autour du film.

Interrogé par Wired, Torrentfreak souligne que la qualité de la fuite est "hautement inhabituelle". Dans la mesure où le dernier film de Harry Potter est découpé en deux grands volets (la sortie de la deuxième partie est programmée pour l'an prochain), il n'est pas impossible d'imaginer une stratégie de buzz pour attirer les spectateurs dans les salles, après les avoir appâté avec cette fuite.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com

Un cadre de Facebook épinglé par le Midi Libre

A l'occasion du DigiWorld Summit 2010, organisé à Montpellier, le Midi Libre a interrogé le directeur général de Facebook Mobile, Henri Moissinac, en concentrant ses questions sur la modération et le contrôle des données publiées sur le réseau social. Le journal juge ses propos "surprenants", et l'attaque durement.

Le Midi Libre s'étonne notamment que des pages comme celles de la Fondation Abbé Pierre ou du réalisateur Yann Moix aient pu être fermées sans préavis, sans doute sur dénonciations abusives d'internautes. "Les affaires de suppression sans préavis de pages d'artistes ou d'intellectuels ou de censure pure et simple de photographies, comme la dernière publicité des Scissors Sisters ou du rappeur Kanye West, se succèdent, et provoquent quantités de réactions", rapporte le journal. Interrogé, Henri Moissinac reconnaît que "non, il n'y a pas de modération" exercée par Facebook, et que les pages ont dû être fermées "à cause d'une erreur ou d'un processus naturel".

Mais c'est surtout sa réponse sur l'effectivité du droit à l'oubli qui a agacé le journal. "Facebook est l'un des services les plus faciles pour ça, parce qu'à la différence d'autres, on peut supprimer toutes les informations sur Facebook, et quand on l'efface c'est complétement disparu", assurait le directeur de Facebook Mobile. Mais le Midi Libre rétorque que "la démarche de suppression proprement dite, est extrêmement longue et compliquée (12 formulaires différents sont à remplir) et il faut compter un délai de 6 mois minimum pour la prise en compte de la demande".

Enfin, en tout début d'interview, M. Moissinac esquive maladroitement une question sur la politique de la société américaine face aux apéros Facebook qui ont généré des polémiques grotesques sur la responsabilité du réseau social. Il répond qu'il ne sait pas de quoi il est question, qu'il découvre le débat, parce qu'il ne vit pas en France. "Mais vit-il sur la même planète ?", se demande le journaliste. Il vit en fait à San Jose, en Californie.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pourNumerama.com